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UNE LETTRE DE LYRIC THOMPSON, FONDATRICE ET PDG, COLLECTIF POUR UNE POLITIQUE ÉTRANGÈRE FÉMINISTE

Aujourd'hui, nous célébrons GivingTuesday (Journée mondiale du don), une occasion de soutenir les organisations et les initiatives qui font du bon travail dans le monde d'aujourd'hui pour nous offrir un avenir meilleur. Nous espérons que vous comptez le Collectif parmi ces organisations et que vous envisagerez de faire un don à notre campagne afin de combler financer notre déficit budgétaire pour 2026. 

Comme de nombreuses organisations à but non lucratif, nous sommes confrontés à un avenir financier incertain dans cet environnement fortement polarisé. Pour la première fois de notre histoire, certains donateurs ont retiré leurs fonds, invoquant le contexte politique incertain et leurs inquiétudes concernant les attaques contre les institutions philanthropiques et caritatives dans le cadre de la « guerre contre le woke » mondiale. Des mots tels que « féministe » ont suscité des réactions négatives des médias de droite et des trolls en ligne, représentant une telle menace que nous envisageons de changer notre nom pour assurer notre survie. 

Comme je l'ai dit à Maria Luisa Gambale de PassBlue et à Ravi Agrawal de Foreign Policy, « la situation est assez grave ». Nous ne sommes pas les seuls. Un rapport publié par ONU Femmes au début de l'année a révélé qu'en raison de coupes budgétaires sans précédent dans l'aide publique au développement, la moitié des organisations de défense des droits des femmes travaillant dans des situations de crise risquent de fermer leurs portes dans les six mois. L'Alliance pour les mouvements féministes présente une analyse tout aussi sombre, en élargissant son champ d'analyse pour inclure également les coupes budgétaires des organisations philanthropiques privées. 

Cependant, tout espoir n'est pas perdu. Comme l'a découvert notre experte associée Beth Woroniuk dans ses recherches, les pays qui mènent une politique étrangère féministe surpassent les autres donateurs en termes d'investissement dans l'égalité des genres et soutiennent spécifiquement les organisations de défense des droits des femmes dans un ratio d’environ 5 contre 1. Des femmes philanthropes comme Mackenzie Scott et Melinda Gates apportent leur contribution en consacrant davantage de ressources aux associations caritatives, aux fonds, aux organisations et aux défenseurs des droits des femmes que leurs homologues masculins. 

Sur un plan plus personnel, nous avons été touchés et inspirés par la manière incroyable dont notre communauté nous soutient en cette période d'incertitude. Lorsque nous avons perdu le financement d'un donateur qui a décidé de ne plus soutenir les organisations basées aux États-Unis dans le contexte actuel, notre partenaire français de longue date, Equipop, a accepté de prendre en charge notre employé basé en France et de poursuivre le travail en notre nom. Alors que certains bailleurs de fonds ont dû se retirer, d'autres ont pris le relais, augmentant leur soutien dans la mesure de leurs moyens. Pour la première fois, nous expérimentons des partenariats avec des gouvernements, en aidant le gouvernement français à mettre en place un mécanisme de reddition de comptes pour les conférences ministérielles annuelles des diplomaties féministes. Et bien que notre travail sur la politique étrangère n'ait traditionnellement pas suscité beaucoup d'intérêt chez les philanthropes individuels, quelques-uns ont répondu à notre appel et commencent à nous aider à mettre en place un programme de dons individuels (merci à Pete Proimos et Stacey Keare !).

Les leçons que nous tirons de ce moment sont claires :

• Malgré la précarité, il s'agit d'un moment de progrès réel et d'espoir au-delà des gros titres. La politique étrangère féministe émerge comme le cadre dont nous avons besoin pour faire face à cette situation.

• Mais ces progrès sont sérieusement menacés par la diminution des ressources essentielles à ce travail. Un soutien politique et financier est nécessaire de toute urgence.

• Les féministes ont construit un écosystème transnational qui nourrit et donne de la force à ses membres, qui se mobilisent et innovent avec de nouvelles stratégies pour trouver ensemble la voie à suivre. Ce ne sera pas facile, mais c'est notre unité, notre espoir et notre engagement envers ce travail et les uns envers les autres qui nous soutiendront. (N’oubliez pas de soutenir également nos formidables membres qui font de la politique étrangère féministe aux États-Unis et dans le monde entier).

Je sais que vous recevez probablement beaucoup de sollicitations de ce type, compte tenu de la situation désastreuse du financement de l'égalité des genres aujourd'hui. Lorsque vous réfléchissez à où placer votre soutien, il peut être difficile de décider quelles initiatives soutenir. Pour conclure, je vais donc vous présenter notre argumentation en partageant le témoignage convaincant d'une ancienne ambassadrice pour la politique étrangère féministe que j'ai interviewée dans le cadre d'un projet visant à documenter les leçons tirées de différents contextes sur la manière de maintenir les acquis de la politique étrangère féministe face aux réactions négatives. Il s'agit d'une diplomate qui a largement expérimenté différentes tactiques, allant de la mobilisation de réseaux locaux en faveur de la PEF dans son pays, à la sollicitation de partenaires régionaux pour étendre le travail à l’échelle régionale, en passant par l’obtention d’adhésions via des associations diplomatiques et des dirigeants politiques au sein de son gouvernement, ainsi que la conduite d’actions médiatiques pour susciter intérêt et curiosité.

Lorsque je lui ai demandé de choisir une chose qui, selon elle, avait le plus contribué à soutenir ce travail, elle n'a pas hésité : 

« Le meilleur instrument pour préserver et protéger la politique étrangère féministe est la collaboration », a-t-elle déclaré. « Notez bien cela. »

En toute solidarité,

Lyric Thompson

Fondatrice et PDG, Collectif pour une politique étrangère féministe